81 - Le musée départemental de la mine, Cagnac-les-Mines.
Situé à quelques kilomètres de la capitale du Tarn, dans l'ancien bassin minier du Carmausin, le musée de la mine a été créé en 1989 par un groupe d'anciens mineurs désireux de sauvegarder un patrimoine industriel et de transmettre une mémoire ouvrière vieille de sept siècles.
Le musée prend sa source sur une ancienne mine de charbon qui contera dans les années 1900 jusqu'à 3500 mineurs. Connu depuis l'antiquité le minerai sera ensuite considéré comme indispensable aux évolutions techniques de l'Europe du XVIII e siècle. Il reste aujourd'hui l'une des principales sources d'approvisionnement énergétique sur la planète.
Cet à travers un ludique parcours véritablement passionnant que le musée de la mine de Cagnac nous fait découvrir l'histoire et les conditions de vie des gueules noires dans ce fertile bassin houiller.
Cagnac-les-Mines.
Dans le parking arboré et plutôt tranquille, nous sommes accueillis par quelques vestiges de cette ère industrielle aujourd'hui révolue nous mettent dans l'ambiance.
Voici un compte rendu élargi de cette visite dans le monde passionant de l'univers de la mine dont je ne connaissais quasiment rien. Un superbe moment de découverte en famille.
En attendant la visite guidée nous découvrons d'une exposition sur " Jean Jaurès". personnage historique assez mal connu à mes yeux.
Ce fût un homme politique au caractère humain, soucieux de son prochain et désireux d'améliorer la condition humaine. Né à Castres en 1859. Il se liera d'amitié avec Jean-Baptiste Calvignac, mineur élu maire de Carmaux aux dépens du marquis de Solages, président de la compagnie des mines.
Dans un bel espace, c'est à travers différents documents tels que des photographies, peintures, sculptures, chansons, articles de presse que ce bel hommage est rendu à Jean Jaurès, ce grand homme, enfant du pays carmausin.
Défendant un idéal d'égalité ce partisan de la paix, Jean Jaurès sera assassiné en 1914 à Paris trois jours avant le déclenchement du premier conflit mondial. Il sera abattu de deux balles par un sympanthisant nationaliste du nom de Raoul Vilain.
Dix ans après sa mort, ses cendres furent transférées au Panthéon, rejoignant ainsi les grands hommes de la patrie.
Ca y est, c'est l'heure et la visite à proprement dite va débuter. La guide réunit la foule présente et nous nous équipons de casques pour que la balade se déroule en toute sécurité. Etant plutôt grand, le casque me servira à plusieurs reprises ma tête venant heurter plusieurs tuyaux métalliques...ou peut-être c'est parce que j'avais le casque que je me suis cogné : )
Nous accédons ensuite à la salle du machiniste. Cet ouvrier qualifié travaillait en surface, passant de longues heures assi à scruter des jauges et activer des manettes. Il avait entre autre la lourde responsabilité de faire descendre les hommes travailleurs dans les niveaux inférieurs de la mine.
Un jeu de pari consistait à savoir si le machiniste était capable de faire descendre la cage avec assez de précision pour remettre le bouchon sur une bouteille de verre sans la faire exploser.
Un passage par la salle des lampistes. Nous apprendrons au passage que chaque mineur échangeait sa lampe contre un jeton avant la descente. En cas d'accident, cela permettait de connaitre avec précision le nombre et les noms des hommes qui plongeaient dans la mine.
La visite du boyau reconstitué commence. Nous sommes submergés d'un flot d'informations diverses et variées nous faisant découvrir avec plaisir la vie presque inconnue pour ma part de la mine.
Au départ, les mineurs en plus de leur activité d'extraction devaient sécuriser leur avancé en étayant le plafond avec des troncs de bois.
Pour ce qui est de Cagnac, la forêt de chênes de Gresigne n'est pas loin mais ce bois resiste mal aux conditions d'humidité des sous-sol tarnais. Il me semble me rappeler qu'il s'agit de sapin, un bois plus souple permettant aux mineurs de voir les pressions de terrain et d'anticiper les accidents potentiels. On dit aussi que c'est un bois qui parle aux mineurs car il craque avant de rompre.
Plus tard des ouvriers seront spécialisés dans cette tâche : les boiseurs. Le bois sera finalement remplacé par le métal et les nouvelles structures ainsi possibles permettrons de dégager le front de taille et d'enclencher le processus de la mécanisation.
Le métier de mineur était terriblement difficile. Dans les mines la température était élevée et les hommes travaillaient presque nus. Les outils étaient la pèle, la pioche et la barre à mine. Allongés ou à genoux avec des règles de sécurité inexistantes. Ils travaillent six jours sur sept seize heures par jour pour des salaires misérables. Les hommes étaient analphabètes et très peu instruits, des conditions qui facilitaient ainsi leur exploitation.
Les femmes aussi exercent des activités dans les mines. Leur principale tâche consistera à trier le charbon en surface. Le travail est pénible et nécessite de gros efforts physiques. Les outils sont la pelle et de grands paniers en osier pouvant peser jusqu'à 50 kg. Chaussée de sabots, avec seulement un foulard pour se protéger de poussière les trieuses s'affairaient sans cesse à purifier le charbon de ses impuretés (la roche et la terre).
Pour les enfants le travail débutait vers sept ou huit ans. Quelques fois moins car on n'hésitait pas tricher pour faire embaucher les plus jeunes. Main d'oeuvre bon marché et source de revenus pour la famille ils n'en n'effectuaient pas moins des tâches dangeureuses dans des conditions tout aussi déplorables que leurs parents.
Pas d'école donc pour la jeunesse France à ce moment-là et c'est en 1813 qu'une première loi interdit le travail des enfants de moins de dix ans.
Notre époque actuelle cette pensée fait froid dans le dos.
Afin de faciliter le travail le cheval lui aussi descendra dans la mine. Avant c’était les hommes appelés herscheurs qui tiraient les wagons sur les rails. Son soutien devint vite crucial pour le fonctionnement des fosses tractant des tonnes de minerai sur des kilomètres de tunnel. Les spécimens les plus robustes étaient selectionés et leur taille variait en fonction de celle des boyaux.
Les propriétaires choyaient leur investissement en leur portant une attention partiulière. Le cheval bénéficiait d’une nourriture d’excellente qualité, du fourrage et de l'avoine, descendu chaque jour (l’humidité qui régnait au fond ne permettait pas sa conservation) prit au cour de quatre repas quotidiens. Le maréchal-ferrant changeait régulièrement les fers et le vétérinaire les visitait souvent. Malgrè les soins sa peau était toujours couverte d’ecchymoses et autres blessures car certaines galeries étaient étroites et les chevaux devaient parfois s’agenouiller pour les franchir.
La moyenne d’âge des chevaux qui descendaient dans les mines était de six ans. Ils y resteront entre dix et vingt ans et ne verront plus la lumière du jour jusqu’à leur remontée, après la retraite. Lorsqu’ils remontaient on était obligé de les habituer à la lumière du jour pour ne pas leur brûler la rétine et les rendre aveugle. Malheureusement, ils étaient souvent épuisés après toutes ces années de travail. Beaucoup d’entre eux profitaient très peu de ce bonheur et étaient envoyés directement aux abattoirs.
Grâce au combat du brillant syndicaliste Jolly Jumper leur condition s'améliore avec le temps :
- 1936, les chevaux eurent droit à une semaine de vacances aux prés par an. Les hommes, eux, connurent leur première semaine de congés payés.
- 1937, à Aniche, une écurie fut construite en surface afin d’accueillir les chevaux qui pouvaient alors remonter les dimanches et les jours fériés.
- 1960, la mécanisation fit petit à petit son apparition.
-1970, les locomotives diesel remplacèrent les chevaux.
De nombreux dangers peuplent la vie des mineurs. Les éboulements, coup de poussier, coup de grisou provoquèrent la mort de centaines de personnes. Située sur une zone contenant d'abondantes nappes phréatique la mine de Cagnac fût plutôt soumise à des inondations qui elles aussi causèrent la mort de mineurs.
L'air L'intérieur ni était pas renouvellé et la poussière engendra de nombreuses maladies pulmonaires. Pas de toilette dans les mines : les hommes faisaient leurs besoins dans la fosse créant des conditions d'insalubrité propices à la propagation de maladie.
Une vidéo impressionnante.
Bien connu, le coup de grisou est une explosion accidentelle de méthane. Il s'agit d'un accident souvent mortel, parmi les plus redoutés des mineurs, en général aggravé par un effondrement des galeries et parfois par un « coup de poussier », accident bien plus grave; si bien qu'il est souvent difficile de savoir après-coup si c'est le méthane ( grisou ) ou le poussier qui a provoqué la catastrophe. Plus la mine est profonde, plus le grisou pose de problèmes. Son apparition est restée très mal comprise et donc difficile à prévenir jusqu'à la fin des années 1950.
Le poussier est un ensemble de fines particules de poussière de carbone hautement inflammables présent durant l'exploitation des mines houillères. En suspension dans l'air, le poussier est à l'origine d' explosions meurtrières.La vitesse de propagation de la flamme est de plusieurs centaines de mètres à la seconde et sa température atteint les 1100° C.
Le 10 mars 1906, 110 kilomètres de galeries répartis sur trois puits de la Compagnie des mines de Courrières furent embrasés par un coup de poussier à environ 420 m de profondeur. La catastrophe des mines de Courrières, la plus importante en Europe, fit officiellement 1 099 victimes.
Le moment bien mérité du "briquet" (casse-croûte). Les repas sont pris de façon spartiate mais permette de retrouver de l'énergie pour continuer le travail. Les rats et souris se partageaient les miettes, et les mineurs étaient ravis de les voir. Ces animaux étaient des alliés incomparables puisque grâce à leur ouïe très développée, ils se sauvaient au moindre danger.
Le reste de la visite nous plonge plutôt dans l'ère industrielle de l'exploitation à Cagnac. Grâce à l'électricité les outils améliorent les rendements et les conditions de travail. Les cadences accélèrent et les voumes extraits grimpent en flêche.
On nous parle de haveuse, de tapis roulant, de soutènement mécanique dont les préposés auxfonctionnement s'appelaient les biduleurs. Lorsque les mineurs ont vu pour la première fois ce type d'installation, ils se seraient demandés : "c'est quoi se bidule ?", d'où le nom.
Des puissantes locomotives tractent maintenant les wagons surchargés. Le chemin de fer réduit les distances augmentant encore les cadences d'exploitation. Le mine se vide peu à peu de ses hommes remplacés par les machines.
Nous découvrons aussi un étrange moyen de transport qui ressemble à un manège. L'engin était en mouvement permanent et les usagers chargé de leur matériel devait sauter en marche pour en monter ou en descendre. Le succès ne sera pas au rendez-vous et les mineurs détourneront son utilisation pour se divertir, simulant des genres de rodéos.
Une autre partie du musée expose des objets et des photographies du monde de la mine. L'espace est sympathique et tout aussi bien mis en valeur que le reste.
À partir de 1975, alors que le charbon est de moins en moins rentable, il est décidé de créer une mine à ciel ouvert « La grande découverte ». La mine ferme malgré tout ces portes quelques années plus tard et une page se tourne dans le bassin houiller du bassin carmausin.
Vidéo Reportage Arte - Feux de mine en Chine - Fab10_ob - Divers
Vidéo Reportage Arte - Feux de mine en Chine - Incendies mine charbon Chine - vidéo Divers...
http://www.wat.tv/video/reportage-arte-feux-mine-en-1icgh_2gm07_.html
Quand la montagne brûle : un documentaire affolant sur le charbon !
Vous l'aurez compris ce fût une excellente visite dans ce superbe musée de la mine à Cagnac-les-Mines. Les différents aspects de la mine y sont évoqués de façon ludique et pédagogique à travers deux salles et un boyau reconstitué de 350 mètres de long.
On peut aussi féliciter le personnel pour son très bon accueil et son sourire.
Toute la famille c'est bien amusée et a beaucoup appris. Merci et bravo.