32 - La bastide de Bassoues et son donjon.
Cette année, les journées du patrimoine seront pour nous l'occasion de nous rendre dans le village de Bassoues, situé dans le département du Gers. C'est par une journée ensoleillée, souvent propice aux belles découvertes que débute la visite de cette sympathique bastide. Durant quelques instants nous profiterons des charmes de la cité.
En 1295, Amanieu II d'Armagnac, archevêque d'Auch, décide "seul et de son plein grès", de fonder un nouveau village sur ses terres de Bassoues. Son plan dit "en arête de poisson" lui est imposé par le relief. Une rue centrale suit le chemin de crête duquel partent des ruelles transversales aux parfums d'antan.
Loin du tumulte, Bassoues se visite paisiblement au fil des différents monuments qu'abrite le village.
La spectaculaire vue de Bassoues depuis le donjon permet de mieux appréhender la géographie particulière des lieux. La rue principale suit le sommet de la crête. Elle est rejointe par diverses ruelles transversales en pente plus ou moins raides.
Au centre du village se trouve une place. Elle abrite une halle datant du XVI e siècle à la superbe charpente en coeur de chêne. Autrefois poumon économique du village, l'endroit est demeuré un lieu de rencontre et un marché hebdomadaire s'y tient encore le dimanche.
A l'origine la place était ceinturée de couverts où l'on pouvait trouver des boutiques et des ateliers protégés des conditions climatiques par les habitations à colombages qui les surplombent. Nous profiterons des arcades pour nous protéger du brulant soleil de ce radieux jour du mois de septembre tout en dégustant une glace rafraichissante.
Un puits commun subsiste toujours sur la place. Outre sa fonction d'alimenter la ville en eau il servait aussi à sauvegarder une réserve d'eau suffisante pour faire face à un incendie. Une pompe remplace aujourd'hui la corde et les sceaux. La légende prétend que sa profondeur serait équivalente à la hauteur du donjon soit 43 mètres.
A quelques pas de la place se trouve l'église Notre-Dame de la Nativité. Longtemps simple chapelle, elle fut profondément modifiée au cours des siècles. L'entrée s'effectue par un passage couvert. Une église au charme certain disposant de quelques merveilles avec de belles chapelles, des sculptures touchantes et une immense fresque évoquant la légende de Saint Fris, personnage emblématique de Bassoues.
Saint Fris est un soldat du VIIIe siècle ayant participé à la lutte contre les Sarrasins. La tradition en a fait un neveu de Charles Martel et l'a identifié au corps d'un guerrier en armure découvert aux abords de Bassoues, dans un site vite devenu un lieu très fréquenté de pèlerinage et de guérisons. L'église qui y fut construite par la suite a été restaurée plusieurs fois et porte le titre de basilique. (Paroisse Saint Fris d'Anglès) L'histoire de Bassoues est étroitement liée à celle d'un prince de légende que les siècles ont appelé Saint Fris.
Nous cheminons tranquillement dans la grande rue principale en direction de l'imposant donjon qui se dresse à l'entrée du bourg.
Nous passons la porte du syndicat d'initiative qui marque aussi l'entrée du donjon. Un accueil cordial nous est réservé par une dame costumée. Afin de rendre la visite plus ludique un jeu sous forme de questionnaire est remis aux enfants. La récompense en cas de succès sera l'adoubement.
La tour carrée comporte 4 étages ; chaque angle est marqué par d'énormes contreforts, lesquels abritent les latrines. Un long escalier à vis mène le visiteur directement au premier étage, dans une belle salle voûtée d'ogives, de là on peut redescendre vers le rez-de-chaussée qui servait autrefois de réserve pour stocker nourriture et combustible. Un puits est creusé au centre. Au second étage, on accède au logis raffiné. Le troisième et le quatrième étage sont en restauration, mais permettent d'arriver sur une plate-forme d'où le panorama sur les Pyrénées et la Gascogne est époustouflant.
La visite débute par les oubliettes.
Nous pénétrons dans une pièce voutée dont les murs sont parés de photos et de textes relatifs à l'histoire du site. Au centre, un espace de forme circulaire rebouché semble expliquer l'origine du nom de la salle ou l'imagination populaire y voyait l'entrée des oubliettes. Il s'agirait plutôt d'une réserve d'eau.
L'escalier est étroit et c'est parti pour l'ascension des 197 marches qui conduisent au sommet du bâtiment.
Au premier étage nous découvrons une salle dallée au haut plafond vouté. A la clé de voute figure les armes d'Arnaud Haubert representées par un Lion et trois coquilles. Dans les murs sont incrusté des niches et un évier il y a aussi une grande cheminée. Près des fenêtres à meneaux des coussières permettent de s'installer confortablement pour profiter de la vue sur le village.
Lors de notre passage la salle accueillait une exposition mettant en avant quelques jolies sculptures de Lisa Brizzolara.
Le second étage.
Une nouvelle salle lumineuse nous accueille. Son plafond en croisée d'ogives représente le prélat Arnaud Abert crossé et mitré. Ses armes figurent aussi sur les chapiteaux de la cheminée. On y trouve aussi deux latrines, un évier ainsi que deux niches.
La salle habrite une exposition qui traite des moeurs et coutumes de la vie au moyen age et sur l'évolution des villages gascons. Deux maquettes des villes de Bassoues et Baran réalisées en liège donne une vue d'ensemble de la région.
Les 3eme et 4eme étages sont actuellement en travaux..
Autrefois séparé par un plancher en bois, il ne subsiste aujourd'hui que les poutres. Le sol brut est immaculé de plumes et l'endroit semble servir de refuge aux pigeons qui roucoulent paisiblement.
Lorsqu'elles seront terminées ses salles apporteront sans aucun doute un peu plus de prestige et de magie à l'ensemble.
La plate-forme.
Nous voilà au sommet de cette superbe construction haute de 43 mètres.
Dans chaque angle de la tour, quatre échauguettes permettent de desservir les nombreux machîcoulis qui garnissent le chemin de ronde. Le centre est occupé par une tour octogonale qui servait d'abri et de reserve à projectile.
Autour de nous la campagne gersoise s'étire sur des kilomètres à la ronde, offrant un magnifique panorama sur les terres de Gascogne.
La tourelle octogonale abrite elle aussi une exposition. Quelques reproductions des grands noms de l'époque et leur histoire y est relaté..
C'est parti pour la redescente des 197 marches qui est bien plus rapide que la montée. Dans l'étroit passage nous croisons quelques badauds essouflés et transpirants. En bas les enfants présente leurs travaux à l'accueil et après correction l'adoubement est mérité.
Nous repartirons avec un chevalier et une princesse !!!
En contrebas de Bassoues, la chapelle de Saint Fris et sa source miraculeuse.
Depuis le moyen-âge en plus de venir vénérer les reliques de Saint Fris les pèlerins venaient profiter des vertues miraculeuses de l'eau de la source. Bue ou par immersion elle serait à la source de plusieurs prodiges et aurait plus particulièrement la capacité de soigner les maladies de peau.
Vers 1890 l'abbé Blajan, curée de Bassoues fit édifier une chapelle à côté d'un bâtiment où les pèlerins pouvaient prendre leur bain.
Entre mythe et réalité, la légende de Saint Fris berce les habitants de Bassoues dans le Gers depuis des siècles. Saint Fris n’est peut-être qu’un personnage de légende, mais la bataille qu’il livra, dit-on, contre les sarrasins, sa mort glorieuse à l’issue du combat, les nombreux miracles qu’il accomplit par la suite et le culte fervent que lui vouait la population, font qu’il est entièrement lié à l’histoire de Bassoues et à la prospérité de cette petite ville.
A la sortie (ou l'entrée suivant le sens emprunté) du village une statue évoque une nouvelle fois Saint Fris.
En 732, au lieu-dit, aujourd'hui, 'Le plateau de l'étendard' que Fris, fils de Rabbod duc de Frise, planta sa bannière à Bassoues, pour rallier les Francs, défaits par les Sarrasins sur les hauteurs de Lupiac. La victoire est acquise mais le sacrifice est immense. Fris atteint d'une flèche mortelle. Il expira près du pont qui enjambe la Guiroue, devenu depuis Pont du Chrétien. Ses soldats l’enterrèrent à la hâte à l’endroit où il venait de rendre le dernier soupir. Si le souvenir du combat contre les mahométans resta vivace pour la population, l’emplacement de la tombe, lui, fut oublié.
Quelques deux cent ans plus tard, un paysan du lieu fut fort intrigué par le comportement d’une de ses vaches : jamais cette bête ne prenait de nourriture et pourtant elle était la plus belle du troupeau. Il la surveilla et constata qu’abandonnant ses compagnes, elle allait lécher une pierre dissimulée dans les broussailles. Le paysan dégagea la pierre et découvrit un sarcophage. Ayant soulevé le couvercle, il se trouva en présence du corps intact d’un guerrier encore recouvert de son armure, avec son casque et toutes ses armes. Une source jaillit miraculeusement du sol à l’instant même.
L’homme se souvenant de la bataille qui s’était jadis livrée ici, ne douta pas un seul instant qu’il venait de découvrir les reliques de Fris, le saint martyr, mort pour défendre la chrétienté. Avec ses voisins accourus, il décida de lui donner un tombeau plus digne de lui. A quelques centaines de mètres de là, au lieu-dit “Tapia”, où ils avaient certainement leur hameau, ils édifièrent une chapelle.
Le jour du transfert arrivé, en présence d’une grande foule, le sarcophage fut hissé sur un char auquel étaient attelés les boeufs les plus beaux et les plus forts du pays. A la stupéfaction générale, ils furent pourtant incapables d’ébranler le char. Alors quelqu’un suggéra d’atteler la vachette qui venait lécher la pierre tombale. Seule et sans effort apparent, elle amena sa charge jusqu’à la nouvelle église.
Comme on ignorait le patronyme exact du saint, on l’appela Frix ou Fris, du nom de la nation qui lui avait donné le jour, les Frisons, et on surmonta son casque d’une couronne en mémoire de la naissance royale que lui attribuait la tradition.
Nous manquerons de temps pour visiter la basilique mais Bassoues constitue (comme bien souvent avec les villages du Gers) une belle rencontre.
Ce petit coin du monde respire la tranquilité et se visite en toute quiétude.
Si l'occasion vous en est donnée, faites une pause dans ce bucolique village et surtout, bon vent à tous !!!