65 - Le Pic du Jer à Lourdes.

Surplombant la ville de Lourdes le massif du Pic du Jer semble être une sentinelle de roche aux yeux multiples, scrutant les hauts pics pyrénéens au sud, le vaste bassin de l'Adour au nord et le piémont à l'est et à l'ouest.

Suite aux apparitions de Bernadette Soubirous en 1858, le chemin de fer ne tardera pas à desservir Lourdes; déversant sur la cité un flot toujours plus important de pèlerins. Les magnifiques points de vue qu'offre le pic furent retenus et d'immenses travaux furent mis en oeuvre pour permettre au site de devenir l'une des principales attractions touristiques de la cité mariale. A fin de faciliter l'accès au sommet du pic, un funiculaire sera inauguré en 1900. Depuis, il fonctionne toujours pour le plus grand bonheur des visiteurs actuels.

La légende de la création.

Le grand architecte de l'univers, créant le monde, était sur le point de terminer son œuvre par la construction des Pyrénées, lorsqu'il s'aperçut qu'il lui restait encore quelque peu de matière.  

Où la placer ? Les Pyrénées venaient d'être si bien faites. Devait-il risquer d'en compromettre l'harmonie, par quelque ajout malencontreux? Et d'autre part, ne fallait-il pas éviter de donner aux hommes le mauvais exemple de perdre quelque chose?  

Le Créateur se décida rapidement. Esquissant un dernier geste avec ses derniers matériaux, il plaqua au pied des contreforts, à la limite de la plaine, deux petits pics aussi aimables qu'hospitaliers.

L'un, dû à la simple éclaboussure tombée d'une truelle fatiguée par six jours, fut le Petit Jer. L'autre, le Grand Jer, s'élève majestueusement à une altitude de 1000 mètres, et, de son sommet tripointu, le regard embrasse un superbe panorama.

Le Pic de Jer au siècle précédent.

C'est sous le soleil radieux d'une belle journée d'automne que la balade débute. Depuis le parking nous pouvons voir la gare située au sommet du massif. Vu d'en bas, l'aplomb semble raide et le bâtiment tout petit. Telle une rampe de lancement les rails s'élèvent vers le ciel en ligne droite à travers rocher et végétation.

La gare basse.

Nous gravissons quelques marches pour déboucher sur une place où se trouve la gare basse du funiculaire. Quelques informations touristiques et tarifaires plus tard nous patientons à l'entrée des télécabines.

Hormis quelques vététistes dehors l'endroit et plutôt calme lorsque arrive le petit train de la ville. Il déverse un flot de touriste semblant provenir des quatre coins du monde et en quelques secondes les wagons se remplissent. C'est partie pour l'ascension qui dure une dizaine de minutes.

Quelques données chiffrées sur la voie empruntée : 

- Longueur totale 1110 m.

- Pente de 25 à 54 %.

- Altitude gare basse 450 m, altitude gare haute 930 m soit un dénivelé total de 480 m

- Deux tunnels taillés dans la roche de 70 et 65 m chacun

- Le viaduc mesure 200 m de long, 4 de large et 18 de haut répartie sur 12 arches.

La gare de triage est située sur le viaduc.

Les deux funiculaires fonctionnent comme deux ascenseurs situés côte à côte utilisant un ingénieux système de contrepoids. Celui qui descent fournissant l'énergie à celui qui monte. Simple et "écolonomique" le système et le même depuis sa mise en place il y a plus d'un siècle.

Après quelques minutes d'ascension agrémentées d'explications et d'histoires du sympathique machiniste nous nous retrouvons au sommet du funiculaire. Il fait beau et les Pyrénées se dévoilent timidement à nos yeux.

La gare haute.

D'un côté la vue s'ouvre sur la ville de Lourdes et le piémont pyrenéen. Sur les massifs avoisinants nous pouvons observer deux autres funiculaires aujourd'hui hors fonction.

Le château de Lourdes.

De l'autre côté une table d'orientation permet de nommer les hauts massifs pyrénéens qui s'offrent à notre vue. Ce jour-la, un léger voile brumeux leur donnera un aspect fantomatique.

Vue imprenable sur quelques pics des Pyrénées.

Nous entreprenons le véritable point culminant du massif. Il faut gravir les quelques décamètres soit par un chemin serpentant à travers la montagne soit par un étroit sentier abrupt aux marches taillées dans la  pierre. 

Le sommet dont l'altitude approche les 1000 m, héberge une grande croix métallique. La nuit elle s'illumine pour sembler suspendue dans le ciel. A côté une station d'observation où un bâtiment abrite une table d'orientation. Il était fermé lors de notre passage.

Cette partie du massif offre d'autres délicieuses vues sur les Pyrénées et notamment sur  l'incroyable station d'observation bâtie au sommet du Pic du Midi.

Au loin, la plaine s'étire à perte de vue.

A proximité du sommet se trouve un gouffre naturel créer par l'effondrement d'une partie des sous-sols. Malheuseument il n'est pas aménagé et l'accès en est interdit.

Le donjon des Angles

Tout au long du chemin, quelques panneaux explicatifs traitent de la végétation qui peuple le massif. Ce sympathique parcours botanique agrémente la marche et permet quelques pauses.

Les grottes aménagées les plus hautes de France.

Au coeur du massif une grotte initialement creusée par l'eau puis aménagée par l'homme permet une visite des entrailles de la terre. Le parcours souterrain nous permettra durant plusieurs centaines de mètres de découvrir le Pic du Jer sous un angle étonnant.

La grotte est principalement composée d'un large tunnel creusé par l'homme.

Creusée afin de relier et d'explorer des gouffres naturels une large galerie bien aménagée chemine au coeur de la montagne. Offrant une grande diversité géologique, le massif est principalement composé de roche calcaire dont la couleur varie au grè des salles en fonction de sa composition. 

La même roche sous différents aspects.

Partie prenante du piémont pyrénéens le massif du Pic du Jer a été soumis à d'immenses pressions créant de gigantesques failles. Le long travail des infiltrations d'eau se chargera de créer des gouffres et des puits. Lors de leur déblayement quelques ossements d'annimaux préhistoriques y ont été découverts. 

Dans la grottes plusieurs failles et gouffres sont visibles.

Dans cet univers hostile à la vie végétale quelques plantes ont sue s'adapter grâce à l'apport de lumière fourni par l'homme. Quelques robustes fougères dont les graines ont vraissemblablement été introduite par des chauves-souris et de la mousse s'épanouissent durant la saison touristique. Elles sont ensuite plongées dans le noir durant plusieurs mois avant de renaître la saison suivante. Selon notre guide la fougère sur la photo aurait 12 ans.

La cascade Fukushima.

Il s'agit en fait des eaux d'écoulement d'un champ de haricot vert situé juste au-dessus de la grotte. 

Sans rire et pour avoir loupé les explications la cascade  fonctionnerait avec une pompe et cette étrange couleur verte serait obtenue grâce à l'utilisation de colorants

Les conditions atmosphériques de la grotte en font un lieu privilégié pour la conservation du vin. Une partie a donc été améngée pour accueillir quelques tonneaux de chêne donnant lieu à une cuvée spéciale : la cuvée du Pic du Jer. Lors de notre passage une fête venait d'avoir lieu pour célébrer le cru 2014 et les cuves étaient vides. Une autre fête devait se tenir prochainement pour les reremplir...

Quelques autres spécificités comme des stalagtites, une cascade pétrifiée, des gouffres permettant de voir le ciel ou encore la salle du pilier (un genre de rond-point souterrain dont le renfoncement servit de zone de stockage durant les travaux.

La visite est la guide sont vraiment sympathique et la visite file comme l'éclair. A la sortie, nous sommes éblouis par la luminosité. Après quelques instants d'adaptation nous redécouvrons avec plaisir  le splendide point de vue sur les Pyrénées et la cité mariale.

La redescente se fera à pied. Lieu reconnu pour ses pistes de descente en VTT, le sentier est balisé afin d'éviter les télescopages. 

Passage à proximité du petit Jer, reconaissable à ses croix.

L'air pur et les panoramas qu'offre le Pic du Jer mérite vraiment un détour. Tout le monde aura passé une bonne journée dans ce cadre sympathique et reposant. Même si le lendemain nous avions tous un peu mal aux jambes, la qualité générale du site vallait bien quelques effort.

Certes mon avis est un peu chauvin mais les Pyrénées constituent pour moi le plus bel endroit du monde.

Bonnes routes à toutes et à tous.